Noma : éradiquer une maladie évitable pour sauver des vies

ADOPTED by FDI General Assembly September, 2022 in Geneva, Switzerland

Contexte

Le noma (cancrum oris) est une maladie nécrosante non transmissible qui apparaît généralement chez les jeunes enfants vivant dans des conditions d’extrême pauvreté.1 Une intervention précoce peut éviter les souffrances, le handicap et la mort. Se manifestant comme une gingivite ulcéro-nécrotique, le noma progresse rapidement en raison de l’immunité affaiblie de l’hôte et détruit les tissus mous et les os de la bouche jusqu’à perforer les tissus du visage. S’il n’est pas diagnostiqué, le noma provoque en quelques jours la mort dans 90 % des cas et laisse aux 10 % restants une défiguration à vie qui empêche notamment de manger et de parler correctement ainsi que de participer à la vie en société. Lorsque le noma est détecté rapidement, sa progression peut être enrayée grâce à des soins, une nutrition, une hygiène bucco-dentaire et des antibiotiques basiques.

La charge mondiale de morbidité du noma est difficile à quantifier.2 En 1998, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que jusqu’à 770 000 personnes souffraient du noma (prévalence), avec 140 000 nouveaux cas chaque année.2 Le noma apparaît dans les milieux à faible revenu où les professionnels de la santé bucco-dentaire sont rares, notamment en Afrique subsaharienne. Le manque de soins de santé dans ces régions ainsi que la mortalité prématurée, la stigmatisation et les croyances traditionnelles associées au noma laissent de nombreux cas non détectés. Bien que son étiologie demeure inconnue, ses facteurs de risque comprennent la malnutrition, les co-infections, les maladies évitables par la vaccination, une mauvaise hygiène bucco-dentaire et des conditions de vie défavorables (manque d’eau, d’assainissement et d’hygiène).1

 

Périmètre

Cette déclaration de principe donne un aperçu du noma, souligne ses facteurs de risque et définit le rôle majeur des professionnels de la santé et des services sociaux dans l’identification du noma, la sensibilisation et la prise en charge des personnes qui en souffrent, indépendamment du milieu où elles vivent.

 

Définitions

Nouveau cas suspecté de noma : tout enfant présentant un aphte et d’autres facteurs avant-coureurs, tels qu’une malnutrition, une mauvaise hygiène, une maladie récente comme la rougeole, une diarrhée persistante ou le paludisme, doit être considéré comme un cas potentiel de noma.3

Nouveau cas confirmé de noma : toute personne souffrant d’une maladie gangreneuse qui commence par des ulcérations gingivales et se propage rapidement dans les tissus de la bouche et du visage en détruisant les tissus mous et durs.3

 

Principes

Cette déclaration de principe vise à sensibiliser les professionnels de la santé et des services sociaux du monde entier au noma, à promouvoir et à améliorer l’identification précoce et la fourniture rapide de traitements salvateurs ainsi qu’à souligner le besoin à vie de soins bucco-dentaires spéciaux de la part des survivants. Enfin, le noma peut être évité en luttant contre l’inégalité sociale sous-jacente, notamment en travaillant en partenariat dans les domaines gouvernementaux, non gouvernementaux et universitaires.

 

Déclaration

Bien que le noma n’existe pas dans toutes les zones géographiques, la FDI est inclusive et mondiale ; il s’agit donc d’un appel à action mondial. La FDI reconnaît que peu de professionnels de santé bucco-dentaire opèrent dans ces régions du monde les plus touchées par le noma ; un enjeu qui requiert donc une réponse sanitaire et sociale.

En collaboration avec les organisations gouvernementales, non gouvernementales et universitaires

La FDI soutient l’inclusion de la santé bucco-dentaire dans l’ensemble des politiques des gouvernements du monde entier.

La FDI soutient la recherche pour améliorer et partager la compréhension des facteurs épidémiologiques et étiologiques qui contribuent à l’apparition du noma ainsi que de ses mécanismes physiopathologiques et les façons de lutter contre les causes modifiables du noma.5

Professionnels de la santé et des services sociaux

La FDI recommande à l’ensemble des professionnels de la santé et des services sociaux, notamment ceux opérant dans les régions du noma, de :

  • mettre l’accent sur une hygiène bucco-dentaire et une nutrition optimales pour faciliter la prévention du développement du noma ;
  • sensibiliser la population locale au noma, à ses symptômes, à ses stades d’évolution ainsi qu’à ses facteurs de risque et indiquer qu’il n’est pas contagieux ni associé à de la sorcellerie ;
  • reconnaître la progression en quelques jours du noma et, par conséquent, l’importance vitale d’une identification précoce et d’un traitement rapide ;
  • connaître les recommandations de prise en charge de l’OMS.4

Enseignants et formateurs pour les professionnels de la santé et des services sociaux

Dans les régions où le noma est endémique, la FDI recommande à tous les professionnels de la santé et des services sociaux de s’informer sur l’éducation et la formation qui :

  • reconnaissent leur rôle vital dans l’identification précoce du noma et la prise en charge des personnes qui en souffrent ;
  • abordent l’impact à vie du noma ;
  • incluent les principes fondamentaux de l’examen bucco-dentaire et de la reconnaissance des stades réversibles (gingivite ulcéro-nécrotique et œdème) et irréversibles (gangrène, cicatrisation et séquelles) du noma ;4
  • expliquent les facteurs de risque et l’ensemble complexe des circonstances qui provoquent la progression d’une inflammation gingivale jusqu’à la destruction gangreneuse des tissus du noma.

 

Mots-clés

noma, tissu bucco-dentaire, infection

 

Avertissement

Les informations contenues dans cette déclaration de principe se fondent sur les meilleures preuves scientifiques actuellement disponibles. Elles peuvent être interprétées pour tenir compte des sensibilités culturelles et des contraintes socioéconomiques prévalentes.

 

Références

  1. WHO, Draft Global Strategy on Oral Health, 2022 Available at:  https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA75/A75_10Add1-en.pdf Accessed 31 July 2022
  2. Galli A, Brugger C, Fürst T, et al. Prevalence, incidence, and reported global distribution of noma: a systematic literature review. The Lancet Infectious Diseases 2022.
  3. WHO. Standard Case Definitions, 2022. Noma: training of health workers at national and district levels on skin-NTDs. Available at: https://openwho.org/courses/NTDs-noma. Accessed 31 July 2022.
  4. WHO. NOMA is a severe disease It is treatable if detected and managed early! https://www.afro.who.int/sites/default/files/2017-07/Information_brochure_EN.pdf
  5. Farley E, Ariti C, Amirtharajah M, et al. (2021). Noma, a neglected disease: A viewpoint article. PLoSNeglTrop Dis 15(6):e0009437. https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0009437. 18

 

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